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Communiquer en écosystème

Quand rétropédaler permet d’avancer

Quand rétropédaler permet d’avancer

L'envoi de troupes en Ukraine

 

26 Février, conférence de soutien à Kiev avec vingt-et-un dirigeants internationaux.  Emmanuel Macron déclare que “rien ne doit être exclu", à propos d’envoi de troupes en Ukraine. Il n’a consulté personne, aucun des alliés de la France, aucun parti politique français, or son camp n’est pas majoritaire à lui tout seul. Ordinairement, lorsque un  chef de guerre crie “En avant”, il s’attend à être suivi. Là, c’est l’inverse qui se produit. A l’international, tout le monde se désolidarise de son  propos : l’Allemagne, le Royaume Uni, les USA qui précisent qu’ils n’enverront pas de troupes au sol, l’Italie, la Suède, la Pologne, l'Espagne, la Hongrie…. Et même les représentants officiels de l’OTAN. Au bowling, cela s’appelle un strike : toutes les quilles sont par terre. En interne, comme il fallait s’y attendre, la totalité des partis politiques hors la majorité minoritaire, monte au créneau pour dénoncer cette exposition  : LFI et le RN, bien sûr, mais aussi le parti socialiste par la bouche d’Olivier Faure, le parti communiste, les Ecologistes…et les Républicains. Le chef de guerre n’a pas de troupes. 

 

Alors commence l'exercice de rétropédalage. Elle passe par trois manœuvres : 1. minimiser, 2 reculer, 3 noyer le poisson, 1. Il s’agit d’une simple option parmi d’autres. C'est ce que déclare Gabriel Attal  : “ Le président de la République met toutes les options sur la table. [...] Il s’agit d’options.”   Ouendore  Benjamin Haddad, député Renaissance : “ Il ne s’agit pas d’envoyer des soldats français ou européens se battre contre la Russie, mais [de] contribuer à la dissuasion » 2 Reculer. Non il ne s’agit pas d’envoi de troupes, comme le déclare Stéphane Séjourné, ministre des Affaires Etrangères, et encore bien moins d’escalades, mais simplement de soutien logistique de déminage et d’envoi de munitions. 3 Noyer le poisson. L’aide militaire ? C’est ce qui se fait déjà, comme l’explique le général Jérôme Pellistrandi, l'aide militaire est "déjà en cours(...) à travers des actions de formation". D’ailleurs la plupart des pays alliés en font autant, même ceux qui critiquent.Circulez, il n’y a rien à voir. 


 

Sauf que le président ne veut pas en rester là. Après avoir reçu les représentants des partis le 7 mars et constaté qu'il ne les rallierait pas, il trouve un stratagème : faire voter le Parlement sur le principe d’un soutien à l’Ukraine. Il aurait pu choisir un vote consensuel pour se réclamer d’une large majorité des représentants du peuple. Il préfère cliver en rajoutant dans la corbeille de fruits : l’entrée de l’Ukraine dans l'Union Européenne et son adhésion à l’OTAN. Il sait que plusieurs partis y sont opposés. La rhétorique est simple : si vous ne votez pas, vous êtes objectivement des alliés de la Russie. Il espère sans doute marquer au fer rouge le RN, le désigner comme cible, son adversaire principal lors des élections européennes. Ça ne marche pas. Le RN s'abstient. LFI votre contre. Donc, ça marche quand même, mais moins, il y a maintenant une large majorité pour soutenir la position présidentielle. 

 

Dernière étape. Après le rétropédalage, on peut repartir de l’avant. Le 14 mars, Macron relance la machine. Dans un entretien sur TF1 et France 2, il déclare : "Peut-être qu'à un moment donné – je ne le souhaite pas, n'en prendrai pas l'initiative –, il faudra avoir des opérations sur le terrain, quelles qu'elles soient, pour contrer les forces russes. La force de la France, c'est que nous pouvons le faire."  

 

Le rétropédalage pour avancer est un exercice particulièrement délicat. On ne le conseillerait pas à un client. A l’heure actuelle, même si son camp politique semble avoir été mobilisé pour le soutenir, rien ne permet de dire que le jeu va tourner en sa faveur. La contre-attaque informationnelle du Kremlin n’a pas tardé, une fake news prétendant qu'une troupe française de 2000 hommes s'apprêtait à rejoindre l’Ukraine. 

 

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Pierre Gandonnière


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