Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Communiquer en écosystème

Les niches médiatiques

Définition
En écologie, c'est le métier d'une espèce, la fonction qu'elle occupe dans l'écosystème. En écologie de l'information, c'est la fonction qu'elle occupe dans le fonctionnement du monde médiatique, le rôle qu'elle joue (voir les 7 noms du sujet).

Exemples 
Jean-Pierre Coffe : dénoncer la malbouffe. Pas de niche, pas d'existence médiatique.
Green Peace : lutter contre le nucléaire, les OGM...
L'Abbé Pierre : défendre les pauvres et les mal logés

N.B. 1 Il est presque impossible à une espèce/entité médiatique de changer de niche (Green Peace ne parle pas de danse classique)
N.B. 2 Quand une niche est occupée par une espèce/entité, il est presque impossible à une autre de s'y faire une place. Les médias préféreront toujours le N°1 au N°2. Si on a la choix : on invite Jean-Pierre Coffe.
N.B. 3 Pas de niche, pas de vie médiatique. Tant qu'une espèce/entité n'a pas trouvé de niche à occuper, elle ne fait pas parti de la médiasphère
N.B. 4. Quand une niche a été créée, il FAUT qu'elle soit occupée, sinon elle disparaît. Le décès de l'Abbé Pierre a créé un "appel d'air" pour Augustin Legrand et les Dom Quichotte.


La niche, c'est le métier

Edgar Morin1 donne cette définition,  page 17, selon Elton 1927 :

“ une petite communauté topique où se tissent d’innombrables interactions entre les êtres vivants qui l’habitent. ”

 

Toutefois, il s’agit d’une définition qui s’applique au terrain lui-même, alors qu’on préférera une définition qui se réfère à une modélisation théorique, c'est à dire aux interactions elles-mêmes, comme chez Paul Colinvaux2, page 17 :

“ la niche c’est le métier, l’art de vivre d’un animal ou d’une plante (…) Tout ce que fait l’espèce pour survivre et pour rester “ adapté ”, au sens darwinien du terme, constitue sa niche ”.

 

Une entité médiatique se construit dans l'univers médiatique en apprenant à y émerger, survivre, croître, se développer et mourir. La notion de niche amène à se demander ce qu'elle fait pour y survivre, comment elle y puise ses ressources, ce qu'elle restitue d'utile au système, bref en quoi elle participa à l'économie générale du médiasystème informationnel. La niche n'est pas celle du chien (abri), mais celle de la cathédrale : emplacement occupé dans l'architecture générale  eu discours collectif et d'où parle la divinité (le saint).


On pourrait classer les niches en trois catégories (encore que le classement soit difficile à opérer...)
1. Les niches à usage unique.
Elle ne remplissent qu'une seule fonction dans le discours médiatique. Exemple : Christine Boutin, l'égérie anti-PACS.
2. Les niches spécialisées
Elles recouvrent un domaine précisément délimité. Exemple : les écologistes.
3. Les niches généralistes
Leur domaine d'intervention est large. Le rôle qu'elle jouent dans le discours et leur manière d'intervenir doit donc être très spécifique si elle veulent être identifiées. Exemple : Bayrou, l'éternel opposant à Nicolas Sarkozy.

La niche enferme.
L'image d'égérie du PACS empêche de voir chez Christine Boutin le travail qu'elle a fait sur les prisons et le logement, peut-être même :  l'a empêché d'agir, de se faire entendre. (niche à usage unique)
L'image de chasseur d'immigrés colle tellement à la peau de Brice Hortefeux qu'il ne peut pas se faire entendre quand il se défend d'être raciste, après avoir tenu des propos maladroits sur les arabes le 5 septembre 2009 devant les jeunes Populaires de Seignosse. Il cherche pourtant à élargir sa niche. (niche à usage unique vers niche spécialisée : ministre de l'Intérieur)
Les Verts sont entrés dans le discours politique par l'écologie. Pour le champ médiatique cela veut dire : l'environnement. Depuis,même si l'écologie est généraliste, ils sont beaucoup de mal à se faire accorder de la crédibilité hors des thème strictement environnementaux (niche spécialisée)

 

 

La niche est-elle exclusive, une espèce peut-elle changer de niche ?

Paul Colinveau parle, p.147, d’un principe d’exclusion : “ celui qui possède la niche, en exclut tous les autres ”. Selon lui, une seule espèce peut occuper une niche. Ce principe souffrirait toutefois une exception : l’espèce humaine, dont les caractéristiques seraient justement sa capacité à changer de niche. Quoi qu’il en soit, dans l’univers médiatique il semble infiniment difficile à une entité de changer de niche.

Exemple : Gérard Holz (journaliste sportif), présentant le JT de 13 h (généraliste) fiasco

Contre-exemple : Nikos Aliagos passe de présentateur de la Star Academy et  à journaliste-présentateur d'un magazine people. Changement de niche ? Pas tant que cela puisque Nikos Aliagas était déjà journaliste et présentateur de JT en Grèce.

 

Si en théorie les changement de niche sont possibles, en réalité, ils semblent souvent se limiter à des glissements vers du contigu, des élargissements à un ou deux domaines voisins, et encore demandent-ils une énergie considérable. Les "politiques" généralistes, ceux qui ont une réelle crédibilité dans tout le champ politique, semblent tout à fait rares. Et même dans ce cas, ils ne sauraient dépasser les limites du champ politique lui-même. Ainsi en est-il aussi des journalistes.

 

Bref dans l'univers médiatique, les entités ne sont pas tellement omnivores, pas tellement adaptables. D'où sans doute leur fragilité, leur difficulté à se maintenir actives dans le médiasystème.



 

 

1 MORIN Edgar : "La Méthode, 2. La Vie de la Vie", Editions du Seuil, Point-Essais, 1980.

2 COLINVAUX Paul : "Invitation à la Science de l'cologie", Editions du Seuil Point-Sciences, Princeton 1978 Paris, 1982.

Retour à l'accueil
Partager cette page
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
À propos
Pierre Gandonnière


Voir le profil de Pierre Gandonnière sur le portail Overblog