Communiquer en écosystème
23 Septembre 2012
Plus ça communique et moins ça informe
Les responsables politiques n’arrêtent pas de se plaindre : les journaux ne parlent que de ce qui se passe mal. Les journalistes râlent de leur côté : sous la pression des RP on voudrait les transformer en “relais de communication”. Ce qui n’est pas leur boulot.
Tout le monde a raison. Et c’est pourquoi tout va mal. Plus les décideurs s’en remettent aux communicants, plus ils prennent l’habitude de se regarder dans un beau miroir et moins ils supportent la critique. Et plus les journalistes se sentent instrumentalisés, et plus ils se réfugient là où ils peuvent préserver leur indépendance, les sujets qui échappent à l’emprise de la communication.
C’est quoi informer, aujourd’hui? Ce n’est plus donner l’essentiel de ce qui s’est passé dans le monde, les évènements classés par ordre d’importance comme on apprend à le faire dans les écoles de journalisme. Cette information là, tout le monde l’a déjà, elle ne vaut rien, personne n’est prêt à payer pour l’obtenir. Informer, c’est par exmple courir après le buzz, essayer de devancer les désirs du public, même les plus sordides : le people, le trash. Ou bien traquer l’exclu, le scoop, la révélation qui met la tête à l’envers. Mais est-ce qu’il ressemble au monde, ce reflet qu’en donnent les médias? Sans doute de moins en moins.
On pourrait dire : ce n’est pas bien grave. Aujourd’hui tout le monde peut trouver tout ce qu’il veut sur internet. Mais si, c’est grave, justement. Parce qu’on ne trouve jamais que ce qu’on cherche et que le boulot des journaliste est justement l’aller chercher là où le grand public ne va pas. Parce que les journalistes ont appris à vérifier l’information, à la sécuriser avant de la diffuser. Normalement, ils ne prennent pas leurs fantasmes pour la réalité.
Alors communication? Information? Il va falloir que la communication accepte de lâcher prise, de ne pas tout contrôler, de laisser l'information vivre sa vie, avec les critiques, les remarques, les interprétations personnelles de chacun. Il va falloir aussi que les journalistes se penchent dare-dare sur cette question : à quoi servent les journaux aujourd’hui?
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