Communiquer en écosystème
21 Octobre 2012
Pour lutter contre les usurpations d’identité, certains experts, dont Christophe Naudin, souhaitent le renforcement de la biométrie, un “pack identitaire”. Le gouvernement paraît vouloir lui emboîter le pas. Vraie solution ou illusion ?
Illusion en tous cas que cette interminable course à l’échalote où l’on renforce toujours plus les systèmes de sécurité, avec quel résultat ? La fraude aussi progresse. On nosu a vendu les cartes d’identité “infalsifiables”, les cartes bancaires à puce, les passeports biométriques, les signatures électroniques, les fichiers d’empreintes ADN. Les usurpations d’identité ont-elle reculé. Au contraire elles explosent. Il faut se rendre à l’évidence on les a rendu plus faciles.
Du point de vue des sciences de l'information et de la communication, le problème posé est celui du référent. Les pouvoirs publics sont convaincus de l’efficacité de la biométrie parce qu’ils prennent pour référent de l’identité la personne elle-même. Alors en effet, en théorie, on peut à tout instant vérifier la correspondance entre une empreinte biométrique et la personne qu’on a en face de soi. A condition qu’elle soit là, bien sûr.
Or nous vivons de plus en plus dans un monde virtuel où le référent n’est pas la personne mais sa doublure administrative. Son dossier. Son reflet dans le système. La masse d’informations numériques qui le désigne. La plupart du temps, la correspondance ne se fera donc pas avec la personne mais avec un fichier informatique. Pour dire les choses autrement, si j’entre mon empreinte digitale dans le système, elle sera traduite en octets, c’est à dire en code numérique. Pour tromper le système, il suffit donc d’entrer le code numérique correspondant à mon empreinte digitale. Dans le monde numérique, toute information se ramène à une chaîne binaire. Rien n’est plus facile à imiter.
Non seulement la biométrie n’arrêtera pas les usurpations dans le monde virtuel, mais elle les facilitera, parce qu’on continue de croire à la toute puissance de la technologie et que donc, on lui fera confiance. Sera déclaré conforme ce que la machine déclarera conforme. Ce n’est pas au niveau du numérique qu’il faut poser le problème mais au niveau de l’analogique. C’est lui qui par définition entretien une relation de correspondance avec le réel.
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