Communiquer en écosystème
28 Novembre 2010
La presse populaire de masse est née au milieu du XIXè. Elle s’est appuyée sur la révolution industrielle pour s’affranchir du pouvoir politique qui l’avait maintenue sous tutelle pendant des siècles. A l’époque, elle a trouvé son autonomie grâce à un modèle économique fondé sur les prix bas (rendus possibles par la réduction des coûts de fabrication) et l’ouverture à la publicité. La presse gagne de l’argent. Elle est prospère. Elle participe du libéralisme qui est alors un mouvement d’émancipation général.
Aujourd’hui le pouvoir dominant n’est plus politique mais économique. Les médias se trouvent pris au piège. D’une part, ils dépendent de recettes publicitaires qui se font rares. De l’autre, ils appartiennent à de grands groupes industriels venus d’autres secteurs économiques. En déclin, les entreprises de presse sont maintenues en survie artificielle par des aides de l’Etat et par le renflouement incessant de leurs actionnaires. Les journalistes eux-mêmes vivent dans des situations professionnelles de plus en plus précaires. Pigistes ou correspondants, ils sont payés à la tâche, à la commande, obligés de satisfaire le ‘client’, sous peine de ne pas être reconduits. Même quand ils le souhaitent, ils n’arrivent plus à exercer leur métier normalement, pris par le temps, la course au scoop, au buzz, l’invasiondu people.
Il n’y a pas de presse indépendante sans indépendance économique. Les médias les plus prospères, ceux qui ont la plus forte audience, sont aussi ceux dont le contenu est le plus insignifiant. De l’autre côté, les médias à forte valeur ajoutée, restent confidentiels voire élitistes. La presse “populaire” est de plus en plus vide d’information.
Le désintérêt de la chose publique qui en résulte menace directement la démocratie. Si le politique n’a pas à dicter au journalisme la manière d’exercer, il doit en revanche créer les conditions pour que cet exercice soit possible. ( A moins qu’il ne croit qu’il suffit de laisser faire le marché).
Propositions
Pour éviter les collusions d’intérêt encombrantes entre des entreprises de presse et des médias dont elles seraient actionnaires : créer des fondations de presse pour financer les médias. Les entreprises pourraient y verser des fonds sans devenir directement actionnaires.
Parce qu’un média d’information n’est pas une entreprise comme un autre, encourager la création de SCIC (Sociétés Coopératives d’Intérêt Collectif) de presse. Au Conseil d’administration siègent les financeurs, les salariés et les utilisateurs. Statutairement l’indépendance du média est garantie, tant qu’il poursuit un but “d’intérêt collectif”.
Pour en finir avec le formatage des journalistes qui sortent des mêmes écoles et des mêmes milieux sociaux, développer des filières d’apprentissage permettant à des jeunes de tous milieux d’accéder aux professions du journalisme et d’y défendre une vision du monde plus diverse.
Pierre Gandonnière
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