Communiquer en écosystème
17 Mars 2025
Ou bien n'est-ce qu'une simple maladresse, comme le défendent les représentants deLFI?…
Du point de point de vue de la rumeur publique, il n'y a aucun doute : l’affiche est antisémite. La rumeur publique, les réseaux sociaux mais aussi l'ensemble de la presse pour ne pas dire la totalité. Mais la rumeur publique a-t-elle raison ?
A l'inverse, les représentants de La France Insoumise, notamment Jean-Luc Mélenchon, avancent des arguments en défense. En premier lieu, le message ne serait pas antisémite, parce qu’il n’y aurait pas d’intention de l’être. Heureusement, les tribunaux ne jugent pas sur les intentions mais sur les actes. En deuxième, ils avancent le droit à la caricature, ce que pourtant personne ne leur conteste. En troisième ils produisent un curieux argument : c’est pas moi c’est l’IA. Ce qui revient à dire, puisque l’IA n’est pas une personne, alors personne n’est responsable de cette affiche. Malheureusement la loi ne dit pas ça, la Loi du 29 juillet 1881, -et elle concerne aussi l’affichage- dit que celui qui est responsable, ce n’est pas celui qui crée le contenu, c’est celui qui rend public. On a le droit de dessiner toutes les horreurs qu’on veut dans le secret de sa chambre. Enfin, dernier argument, LFI serait victime d’une campagne mal intentionnée, lancée par l'extrême-droite. Ce qui revient à accuser d’extrême-droitisme toutes les personnes qui oseraient voir dans cette image de l’antisémitisme.
Alors que répondre à ces arguments ? En fait, rien, car le problème n’est pas là. En communication, on a coutume de dire que message n'est pas ce qui a été émis mais ce qui a été reçu. Et ce qui a été reçu est indéniablement un message à contenu/forme antisémite. Or, on est responsable de la manière dont nos messages ont été reçus, ça ne peut pas être de a responsabilité de quelqu'un d’autre. L'information peut être définie comme étant composée d'un d'une énergie et d'un contenu. L'énergie c'est ce qui produit l'impact sur le réel. Cette affiche a-t-elle eu un impact ? Oui, il a pris la forme d’un scandale. Cette information avait-elle un contenu ? Oui. Ce devait être un appel à manifester le 22 mars, mais la forme “a bouffé le fond” et le contenu est devenu : une caricature de Cyril Hanouna à caractère antisémite. Energie + contenu = matière, a-t-elle eu un impact sur le réel? A-t-elle construit quelque chose dans le réel ? Encore une fois oui, elle a construit l'image d'un parti (La France Insoumise) qui nourrit une certaine complaisance avec l'antisémitisme, qu’il s’en défende ou non n’y change rien. C'est une pierre de plus à l’édifice, pas la première et sans doute pas la dernière. Et pierre après pierre, incident après incident, “maladresse” après maladresse, tous ces évènements médiatiques ont fini par construire ce que j’ai appelé un médianôme, c’est à dire une construction médiatique stable dans le temps, cohérente dans ses contenus, qui joue un rôle particulier au milieu dans le monde médiatique. L’antisémitisme est devenu une des composantes qui constituent le médianôme LFI. L’affiche de Cyril Hanouna est venue nourrir et renforcer cette construction médiatique. Car il y a quelque chose de particulier chez les médianômes, une fois qu’ils ont été construits, une fois qu'ils ont trouvé leur forme, leur contenu et leur stabilité, ils vivent leur vie de manière autonome, ils se nourrissent de tout ce qui passe pour se renforcer. On n’a pas fini de parler d’antisémitisme à propos de LFI.
Est ce que on peut corriger cela ? En communication on utilise aussi l'image du papier plié. Prenons une feuille de papier vierge, lisse, parfaite. On la plie dans le sens qu’on veut. Mais très vite, on regrette son geste, alors on la déplie, on veut corriger, on l’aplatit, on repasse le pli jusqu’à ce qu’on ne le voit plus. Ça ne marche pas. Le pli est toujours là. On ne pourra jamais revenir en arrière, on ne pourra jamais faire que ce pli n’ait pas existé. Ce qui a été construit à propos de LFI et de l'antisémitisme continuera de produire les mêmes effets, que ce soit assumé, intentionnel, ou au contraire : inconscient, subliminal. Aucune importance, le pli est pris.
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