Communiquer en écosystème
29 Janvier 2020
Si certains candidats se donnent pour mission de rassembler le plus largement possible, ce n’est pas le cas du Rassemblement National dont toute la communication vise à cliver.
A la différence de beaucoup d’autres, il ne cache pas ses couleurs : le logo du RN est présent en tête de page, la photo de Marine Le Pen régulièrement reprise, la couleur affichée est un bleu Marine. Le slogan “100% avec Kotarac” ne laisse aucune place libre en dehors, la base line “métropole du bon sens” n’ouvre que deux options dont l’autre est mauvaise. Le bon sens est populaire. Il n’est jamais élitiste ou intellectuel. Tout l’argumentaire du seul document de campagne disponible repose sur une argumentation binaire : pour ceci, contre cela. Pour être encore plus clair, Andréa Kotarac s’en explique sur France 3 “le camp du peuple avec Marine le Pen contre le camp des élites avec Emmanuel Macron”. Rien d’autre n’existe dans le monde.
Ce n’est pas un programme mais du marketing. Donc, ces candidats n’envisagent aucunement de gagner mais seulement de faire un bon score. Les huit thèmes de campagne énoncent des objectifs totalement inatteignables, parce que trop larges, trop vagues et impossibles à mesurer, comme “garantir le bien vivre” ou “optimiser le mode de transport de chacun”. Derrière beaucoup de ces titres se profilent seulement une ou deux mesures ponctuelles qui ne constituent pas une politique globale. Derrière “optimiser le mode de transport de chacun”, deux propositions seulement : l’Anneau des Sciences et le prolongement de la ligne A. La liste des propositions ne correspond pas à celle des compétences de la métropole. C’est donc autre chose qu’on vise. On s’adresse à certains catégories de la population, sur ce qu’on pense être leurs priorités. A savoir : l’insécurité, la fragilité sociale, la peur de l’immigré. Quel type de population ? Si l’on s’en tient à l’écrit sans extrapoler on peut déjà dire : les familles, les vieux, les personnes fragiles, les habitants des communes de l’Est, les artisans ou petits commerçants. Une métropole où “demeurer, fonder une famille ou développer leurs activités”.
Enfin, la communication montre deux contradictions pas du tout assumées. Celle du “nous” et du “je”.Comme dans le double titre du texte de campagne. Juste en dessous de “Nos Priorités” on trouve “mes priorités”, du candidat Kotarac. Et puis la contradiction hommes-femmes. Si la liste revendique d’avoir choisi à parité des têtes féminines et masculines, si des thèmes comme “les violences faites au femmes” sont mis en avant, pour autant, sur les réseaux sociaux, mis à part Agnès Marion, ce sont les hommes qui s’expriment.
Pierre Gandonnière
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