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Communiquer en écosystème

Comment se tirer une balle dans le pied avec des boules Quiès ?

 

Lorsqu’on lance une vaste opération de débat dans une organisation, il faut respecter au moins cinq règles si on veut avoir une chance  de succès. En 1 : Partir d’un diagnostic partagé sur le problème posé. En 2 : Se montrer en position d’écoute, ce qui suppose qu’on se décentre sur les préoccupations de l’autre. En 3 : Confier l’organisation du débat à des acteurs tiers reconnus comme légitimes par toutes les parties et garants de la fiabilité du processus. En 4 : Poser un cadre précis, des règles du jeu depuis le lancement du dialogue jusqu’à la restitution de résultats. En 5 : S’engager fermement à mettre en oeuvre ce qui ressortira des discussions.

 

Non seulement Emmanuel Macron ne respecte aucun de ces impératifs, mais il fait presque exactement le contraire.

  1. Ce n’est pas un diagnostic partagé qu’il propose mais uniquement sa propre vision des choses, même pas celle de sa majorité, encore bien moins celle de la représentation nationale, majorité et opposition, mais la sienne , avec une succession d’énoncés péremptoires sur ce qu’est la France et dans quelle situation elle se trouve.

2. On note une contradiction complète entre l’affirmation “Ce débat devra répondre à des questions essentielles qui ont émergé ces dernières semaines.” et le fait que c’est lui-même qui pose les questions, celles qui correspondent à sa propre vision des choses.  L'organisation de l'Etat : Y a-t-il trop d'échelons administratifs ou de niveaux de collectivités locales? Comment voudriez-vous que l'État soit organisé et comment peut-il améliorer son action?” Que peut produire un débat citoyen sur des sujets aussi complexes ? Pire, on voit apparaître des sujets explosifs comme la laïcité, dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils n’ont été demandés par personne.

 

3. et 4. Rien sur l’organisation, ni sur les structures encadrantes, ni sur les règles du jeu. Ni sur la manière dont les échanges seront régulés, ni sur la façon dont les contenus seront recueillis, synthétisés, transmis, communiqués. Or c’est dans la garantie de règles que s’installe la sincérité de la démarche ou non.

 

 

Enfin, et c’est bien le pire 5. Non seulement le président ne prend aucun engagement sur ce qu’il adviendra des éventuelles participations des citoyens à de débat, mais il les torpille par avance en affirmant une nouvelle fois qu’il ne changera rien sur le fond. Impôts “ Nous ne reviendrons pas sur les mesures que nous avons prises” (ISF). Ou encore “j'ai été élu sur (...) de grandes orientations auxquelles je demeure fidèle”. Fermez le ban. D’ailleurs pour ceux qui en douteraient encore, c’est lui et lui seul qui décidera in fine de ce qu’il adviendra ou non des propositions faites “Je vous en rendrai compte directement dans le mois qui suivra la fin du débat.”

 

On est clairement face à un phénomène de communication en miroir où un acteur politique cherche non pas à se mettre en écoute pour incarner la volonté générale, mais à ne puiser dans la parole de l’autre que des éléments qui cautionne sa propre vision des choses.  

 

PG

 

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Pierre Gandonnière


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