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Communiquer en écosystème

Irruption de trottinettes dans la communication publique

Avant d’aborder la communication, c’est un problème de politique publique que pose la prolifération anarchique de trottinettes électriques, sur les trottoirs, les pistes cyclables, les rues,  à sens courant et à contresens. Elle le pose aux communes. Or le cadre de résolution du problème est largement ailleurs, au niveau national. Le code de la route liste avec précision quels sont les véhicules qui ont le droit de circuler sur les routes (en ville : les rues) : camions, transports en commun, véhicules légers, motocyclettes, cyclomoteurs, vélomoteurs, bicyclettes. Les trottinettes n’y sont pas. Donc elles sont des piétons. Mais on ne peut pas laisser circuler sur les trottoirs des engins qui roulent jusqu’à 25 km/h. Pas sur les pistes cyclables non plus car ils sont motorisés. Il faudrait faire évoluer la législation. Les communes héritent d’un problème mais les moyens de le régler ne sont pas de leur niveau. Elle ne sont pas totalement démunies, comme le montrent les intiatives prises à Paris.  Elle peuvent le réguler un peu, mais pas le résoudre.  C’est ici la question du cadre : le problème est dans un écosystème, la solution dans un autre.

 

Pour les élus en charge de prendre des décisions, la difficulté réside notamment dans le fait de définir l’intérêt général. Oui, ce type de services est largement plébiscité par la population et son succès le démontre. Oui, Il est un complément tout à fait intéressant de l’offre de  transports. Or, tout le monde a besoin qu’on invente des solutions nouvelles, elles ne peuvent pas être que d’initiative publique. Pour autant les problèmes de cohabitation ne peuvent pas être ignorés. Ni les risques d’accidents qui en découlent. Ne pas agir reviendrait à attendre que les tribunaux s’en chargent et disent, dans le droit actuel, où sont les responsabilités. Mais ce n’est pas aux tribunaux de produire du droit. C’est au législateur, face à des situations inédites, de produire le discours légal conforme à l’intérêt général. C’est ici la question du contenu, quoi dire, sur quelle base ? Qui doit l’émettre ?

 

Enfin, il est bien question de communication pure. Ce message, ces messages, à qui doivent-ils être communiqués et comment ? Le fait que les usagers sont à ce point ignorants de ce qu’ils sont le droit de faire ou non est préoccupant. C’est le cas des cyclistes qui roulent sur les trottoirs ou circulent avec des écouteurs dans les oreilles. Comment se fait-il qu’ils ne disposent pas de cette information indispensable : leurs droits et devoirs. Dans le cas des trottinettes, c’est encore plus étrange. Les  opérateurs trouvent le moyen de communiquer avec les usagers en leur indiquant de manière simple et pratique comment ça marche. Les pouvoirs publics sont incapables de communiquer les règles du jeu auprès des mêmes usagers. Faute d’outils adaptés, pour commencer. Cette semaine le préfet du Rhône a voulu communiquer sur les restrictions au droit de manifester dans Lyon. Il a convoqué la presse pour qu’elle relaie l’information. Est-on sûr que les manifestants lisent Le Progrès avant de partir ? On est sûr en revanche qu’ils suivent les réseaux sociaux. Une approche plus écologique de la communication devrait permettre de s’adapter plus efficacement à des cibles éphémères et d’aller à la rencontre des publics là où ils sont.

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Pierre Gandonnière


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