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Communiquer en écosystème

Ecologie de l’information : les jeux de compétition-coopération

 

 

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Le problème est vieux comme le monde. Chaque individu devrait être en compétition totale contre chaque autre pour l’accès à la sexualité, aux ressources alimentaires; aux lieux de vie les plus favorables. A terme, cette lutte se révélerait destructrice pour l’ensemble de l’espèce. Au lieu de cela, l’homme est devenu un animal social. Le groupe organisé est plus fort que la somme de ses parties pour se défendre, chasser, se développer, se déplacer. La rivalité entre les individus n’y est pas absente, les pus forts jouent un rôle dominant, mais  elle est régulée, par exemple par le décalogue. Il s’agit de trouve le bon équilibre entre l’émulation qui pousse chacun à se dépasser, et l’équité qui fait que chacun retire suffisamment de sa participation au groupe pour continuer de jouer le jeu.

 

Compétion, coopération, dans le monde de l’entreprise, il n’est pas sûr que cet équilibre soit encore satisfaisant. 

1. La concurrence féroce entre les entreprise conduit à des parties qui se jouent à l’échelle mondiale et qui produisent des dégâts locaux considérables : destruction d’activités, délocalisations, désertifications. A d’autres endroits : consommation effrénée, développement extravagant qui conduit à peser sur les ressources de la planète davantage que ce qu’elle peut fournir.

 

2 . A l’intérieur des entreprises : rivalité entre le capital et le travail au détriment de ce dernier. Mais surtout autonomisation du jeu du capital qui en finit presque par considérer le travail comme un adversaire plombant ses capacités de profit. Le capital se met à jouer alors en solo, la rentabilité financière devient son enjeu et non plus le développement de l’entreprise.

 

3. A l’intérieur des organisations, la compétition règne aussi dans les déroulements de carrière. La structure en pyramide fait que plus les places sont rares, plus il faut se battre pour y accéder, mais surtout : plus il faut éliminer de rivaux. D’où les guerres internes, les logiques de territoires, de renforcement d’influence. Combien d'énergie est ainsi gaspillée qui serait bien mieux utilisée à développer l’entreprise et à l’aider à se battre sur les marchés concurrentiels, bref à jouer collectif. Il suffit de regarder les jeux poiliticiens pour voir comment une organisation peut être absorbée par les jeux de pouvoir au point de perdre de vue sa finalité.  Si un dizième seulement de cette énergie était consacré à ce pour quoi elle sont faites : améliorer la vie des gens?  

 

Comment fonctionnent ces jeux de compétition-coopération? Avant de revenir sur l’entreprise et plus particulièrement sur la communication regardons trois types de jeux.

 

Jeu de non-coopération : le Loto. 

Aucune coopération entre les joueurs, chacun est isolé. Rivalité totale. Presque tous les joueurs seront perdants. S’ils veulent maximaliser leurs gains, les gagnants ont intérêt à être le moins nombreux possible et à ce que les perdants soient le plus nombreux possible pour gonfler la cagnotte. Et c’est un jeu à somme négative. Les gains sont inférieurs à ce qui a été encaissé. Au passage, l’Etat s’est servi  d’environ 30% de la mise, et finalement seuls 50,9 % sont distribués, le reste va à la Française Des Jeux. Le système ne produit pas de richesse, il en absorbe.

 

Jeu de coopération : Fort Boyard

Une équipe de joueurs doit subir des épreuves dans un fort au large de La Rochelle. Pour chacune d’entre elles il choisit son meilleur champion, l’encourage et l’aide. Le score final dépend du succès et de la stratégie du groupe. On gagne ensemble. Plus  ou moins. Il n’y a pas de perdant. C’est un jeu à somme positive. 

 

Jeu de compétition-coopération : le jeu de billes. 

A l'échelle des deux joueurs il y a un gagnant et un perdant mais pas à l’échelle de la cour de récréation. Les joueurs se choisissent, il faut donc qu’ils soient acceptés. Un joueur qui gagne à tous  les coups sera refusé par tous les autres et se retrouvera tout seul. Pour continuer de jouer il faut raisonnablement gagner et perdre. Il y a donc une régulation de l’ensemble une écologie de la cour de récréation qui gère les ressources de manière acceptable pour tous. C’est une jeu dont la somme ne peut pas être négative (quelques billes se perdent bien dans la caniveau mais pas plus).  Elle est nulle, à ressources constantes. Ou positive, si on rajoute de temps en temps des billes dans le système. 

 

 

Les jeux de compétition -coopération en communication. Deux exemples.

 

ONLYLYON, la marque de Lyon

Avant 2006 quand la ville cherchait à se vendre à l’international, elle arrivait toutes bannières dehors. Il y en avait une pour la commune, une pour l’agglo, une pour le département, pour la région, pour le commerce, pour l’artisanat, pour l’Université, etc. Et chacun défendait ses propres couleurs. En communication, un tel système ne peut produire qu’une seule chose : du bruit. En acceptané bien plus qu’une marque : une synergie. Tout d’un coup la communication de Lyon devenait visible (audible). Mais surtout, les acteurs étaient  mobilisés dans la même direction et cent fois plus efficaces. Souvent, ils continuent d’être concurrents dans la vie de tous les jours. Mais sous les couleurs d’ONLYLYON ils jouent collectif et cela change tout. La communication fonctionne parce qu’elle est en prise directe avec le réel. Sinon la bannière toute seule ne servirait à rien.

 

JUMP, l’agence métis

Le second exemple est emprunté à Michel Hébert. Au sein de l’agence de communication Jump il a mis en place une organisation qui se revendique “métis”. Les règle sy sont le décloisonnement et la transversalité. Les différents départements : Relations Presse, Publicité, Design, Communication Institutionnelle, etc, ne sont pas en concurrence les uns avec les autres, la gestion est globalisée, aucun n’a un intérêt à prendre le pas sur l’autre. C’est ensemble que les stratégies sont réfléchies dans l’intérêt de “la marque”. Une volonté : croiser les expertises. D’autres entreprises fonctionnent aussi sur des modèles décloisonnants qui mobilise les énergies sur l’activité utile plutôt que sur les enjeux internes:  Bio-Mérieux, les start- up. Une caractéristique  commune : elles sont plus créatives, plus performantes. 

 

 

Les jeux de compétition-coopération permettait de remobiliser les ressources de l’entreprise au service de son projet plutôt qu’à celui de la compétition.  Ils n’empêchent pas la compétition, ils la régulent, dirigent ses forces vers un but. 

 

Pierre Gandonnière

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