Communiquer en écosystème
29 Octobre 2015
Philippe Verdier viré de France 2 ? Son crime : avoir publié un livre dit “climatosceptique”, mais surtout : en avoir fait la pub en se réclamant de France 2. Ce n’est donc pas le livre qu’on va analyser mais le phénomène médiatique autour de sa promotion. Voici le spot publicitaire :
http://www.dailymotion.com/video/x384bxg_teaser-officiel-climat-investigation-philippe-verdier_news
Philippe Verdier n’est pas climatologue, il n’est pas météorologue non plus comme le précise sa notice Wikipedia. Il doit sa crédibilité à la TV. D’ailleurs il le dit lui-même au dépbut de sa présentation : “tous les soirs je m’adresse à 5 millions de Français pour leur parler du vent…”. A la TV , c’est la notoriété qui donne l’autorité et non pas la hiérarchie du savoir. A la TV, la météorologie et la climatologie, c’est la même chose. Pas dans le monde réel. Philippe Verdier jette un pavé dans une marre qui n’est pas la sienne en se réclamant d’une compétence qui n’a aucune valeur dans le monde scientifique régi par les diplômes et la reconnaissance par les pairs. Il n’aura pas de soutien dans ce monde là.
Dans le concert de klaxons, il est difficile de faire entendre sa voix. Un niéme livre portant sur le dérèglement climatique n’aurait aucune chance d’avoir de l’écho. Mais prendre le contrepied des thèses dominantes, ça marche toujours. Parce qu’il existe toujours un créneau médiatique pour ça. La preuve : la sortie du livre Climat Investigation a été reprise par tous les médias, d’autant plus que Philippe Verdier est un “confrère”. Mais il oublie une chose : le contrepied est un contrepiège, il enferme dans un rôle qu’on ne voulait pas forcément tenir, ensuite plus moyen d’en sortir. C’est en tant que caricature de lui-même que Eric Zemmour a connu le succès. Philippe Verdier peut protester autant qu’il veut que son livre ne serait pas climatosceptique, il l’est. La preuve ? L’écosystème du livre. Quand on tape Climat Investigation sur Amazon, la plateforme suggère : “Les clients ayant acheté cet article ont également acheté : ” : Climat, mensonges et propagande (Hacène Arezki), Le moment est venu de dire ce que j'ai vu (Philippe de Villiers), Le GIEC est mort : Vive la science ! ( Henri Lepage), Climat : 15 vérités qui dérangent (István E. Markó), Le livre noir de l'écologie (Jean Robin) La légende de l'effet de serre : Manuel de démystification des problèmes et faux problèmes climatiques (François Meynard), Petit traité d'anti-écologie: à l'usage des lecteurs méchants, La peur exponentielle (Benoît Rittaud)...On est bien dans la sphère complotiste et climatosceptique.
Philippe Verdier est mainstream, il n’est pas un produit de la culture alternative.Il appartient même à une institution médiatique : la télévision publique. En écrivant ce livre il entre en conflit avec le discours dominant de son propre média. Pire : il le fait en se réclamant de lui. Ce ne peut pas fonctionner.
On est produit par un écosystème. Dans le cas de Philippe Verdier, la télévision en a fait un produit médiatique.
On ne peut se maintenir dans ce rôle que pour autant qu’on sert son écosystème en respectant ses règles qui ne sont valables que dans cet écosystème
Il n’y a pas d’écosystème de rechange, si on s’en écarte, on se fait bouffer.
Mais surtout, cet exemple montre la force des écosystèmes. Quoi que Philippe Verdier puisse faire pour se défendre, l’écosystème dans lequel il s’aventure en fera ce qu’il veut.
Pierre Gandonnière
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