Communiquer en écosystème
17 Novembre 2019
Les outils de communication que les candidats mettent au service de leur campagne en disent plus qu’ils ne le croient. Aujourd’hui : Collomb.
Le site porte le nom de l’association : Prendre un temps d’avance. Il devrait s’appeler “Gérard Collomb” car c’est le vrai sujet du film. Photos pleine lumière de président-fondateur, seul personnage humain présent. Référence unique à lui, les phrases commencent par “Je” quand il s’exprime directement ou par “Gérard Collomb”, quand on parle de lui. Un onglet entier est consacré à lui, et il réserve quelques surprises. Le “parti socialiste” a complètement disparu de son autobiographie, de même que toute référence à la gauche et même à LREM. Les maîtres mots utilisés pour décrire sa personnalité sont : “authentique, rassembleur, visionnaire”. Sans que ces affirmations ne soient étayées. Une phrase indique clairement le positionnement du candidat : “je vous invite à me suivre”. Il y a un chef et les autres sont derrière. L’onglet “notre mouvement” est totalement vide de personnes. On ne connaît rien de l’organisation ni de ceux qui la composent, ni de ce qui s’y fait réellement, aucun nom, aucune photo. Quant à l’onglet “je participe”, il propose comme seule action un soutien financier.
La seconde observation porte sur les contenus. Le site annonce des groupes de travail qui prépareraient un projet. Sauf qu’on ne trouve aucune trace du résultat de leurs cogitations. Seulement les thématiques, des questionnements auxquels les groupes seraient censés répondre. La rubrique “Mieux vivre demain” prétend traiter aussi bien d’agriculture, de transition énergétique, d’éducation, de biodiversité. Rien de vraiment cohérent. D’une manière générale, un rubricage fondé sur des slogans publicitaires comme “mieux vivre”, “mieux grandir”, ne peut en aucun cas produire un programme car il ne correspond exactement ni aux compétences de la collectivité, ni à la structuration des services. La seule possibilité pour les groupes est de venir illustrer des slogans qui ont déjà déterminés par avance.
Les comptes Facebook et twitter ne renseignent pas davantage. Une publication par semaine en moyenne, avec des reprises d’informations concernant le candidat. Il ne s’y passe rien.
Le positionnement du candidat Collomb apparaît donc comme centré sur lui, il joue sa notoriété. La mission confiée à l’association est uniquement de le suivre et de le soutenir. Les personnes qui la composent n’existent pas dans la communication, ni par leurs noms ni par leur image. S’il existe un programme, il n’en est rien dit pour l’instant. Le candidat attend sans doute que ses adversaires se dévoilent, il se réserve la possibilité de se positionner au dernier moment par rapport à eux, y compris en reprenant quelques unes de leurs idées. Stratégie de leader assez classique, mais risquée. A ce jeu-là, on peut aussi se faire dépasser.
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