Entretien-interview
3Formes possibles : 1 l'entretien de recherche d'infos, 2 l'entretien publié, 3 l'interview publiée
L'INTERVIEW PUBLIEE
L'interview n'est pas centrée sur l'invité mais sur ce qu'il dit. L'interviewer n'est pas un accompagnateur mais un « adservaire de jeu ». Il doit porter la contradiction.
Une interview est un événement médiatique. Il faut qu'il se passe quelque chose.
- L'invité le sait (mais il a quelque chose à « vendre »).
- Le journaliste sait qu'il le sait, il est prêt à négocier un gagnant-gagnant.
Les rôles se distribuent ainsi :
- Le journaliste cherche à faire réagir l'invité ou à lui faire dire quelque chose, si possible un scoop. Sa stratégie est offensive.
- L'invité est venu faire passer un message, tout en se protégeant des attaques de déstabilisation. Sa stratégie est défensive et imperceptiblement offensive. Il doit donner l'impression de céder.
Le jeu se termine normalement par un compromis où le journaliste a obtenu une info ou une révélation exclusives et où l'invité a réussi à placer une partie de son message. On est alors dans un bilan gagnant-gagnant.
Préparation
- Lister les sujets qu'il serait intéressant d'aborder avec l'invité, en fonction de l'actualité.
- Faire le tour des déclarations de l'invité sur ces sujets-là.
- Se donner un ou plusieurs objectifs en fonction du temps que durera l'interview.
- Préparer les questions de base + une ou deux relances. Ainsi que des éléments d'informations, archives, déclarations précédentes concernant les sujets et qui peuvent servir à déstabiliser l'invité.
- Organiser la stratégie d'interview. (Par quoi on commence? Comment on arrive au but?)
Action
Direct audiovisuel
Les objectifs seront réduits en fonction du temps. Plus le temps est court, moins on pourra relancer l'invité, plus il pourra facilement s'échapper.
L'interviewer doit toujours être le maître du jeu (surveiller la montre).
- Commencer par une ou deux deux questions de mise en route, ne pas le laisser aborder les sujets qui l'intéressent (une fois qu'il aura obtenu ce qu'il veut il ne jouera plus le jeu).
- Aborder le sujet principal de manière anodine puis de plus en plus pressante. On peut lâcher prise et revenir. On peut changer de sujet pour passer au plan B.
- Quand le journaliste a obtenu ce qu'il voulait, il peut laisser l'invité « vendre » un peu son message.
- Conclure, remercier
Les outils (armes) : questions ouvertes, fermées, piégées, relance, miroir, reformulations, affirmations péremptoires destinées à faire réagir l'invité.
N.B. Pour le journaliste, les principales réactions à éviter chez l'invité sont : le refus (blocage, refus de répondre, voire départ précipité), le tunnel (l'invité se lance dans un long développement juste destiné à perdre du temps) et la langue de bois (utilisation de réponses toutes faites qui ne contiennent aucune information)
Variante : le chat en microblogging
On serait tenté de croire que la presse écrite ne connaît pas le direct. Ce n'est plus vrai avec le web et les « chats ».
A la différence des médias audiovisuels, le chat permet à l'invité de prendre le temps de répondre et d'être moins déstabilisé (le temps de l'écriture est plus long que le temps de la parole). Il peut aussi permettre l'intervention d'un conseiller, si l'invité n'est pas présent physiquement devant le journaliste. Toutefois, il est plus facile d'éviter les tunnels et la langue de bois. Et les relances y sont aussi efficaces qu'à l'oral.
Presse écrite
Le déroulement est plus souple que dans l'audiovisuel, parce que le temps n'est pas contraint.
Le journaliste peut tester plusieurs sujets, passer de l'un à l'autre, revenir, mettre l'invité en face de ses contradictions.
Les armes sont les mêmes (questions ouvertes, fermées, piégées, relance, miroir, reformulations, affirmations) mais leur utilisation moins « agressive ». La stratégie est facilement circulaire, elle revient à la charge, s'éloigne, retourne en arrière, repète.
N.B. Même si on prend des notes, il est fortement recommandé d'enregistrer, de manière à pouvoir prouver que les propos ont bien été tenus et que la rédaction n'a trahi ni les réponses ni les questions.
Rédaction
La rédaction d'une interview n'est en aucun cas le verbatim de la conversation. En aucun cas non plus elle ne doit trahir l'interlocuteur, lui faire dire quelque chose qu'il n'a jamais dit ou détourner ses paroles de leur sens.
Pour autant la rédaction est une ré-écriture.
- On sélectionne dans la conversation les passages qui contiennent des informations intéressantes, nouvelles, inattendues, provocantes.
- On rewrite les propos de l'invité en restant le plus près possible de son expression, mais en toilettant en langue écrite. On coupe, on remonte, mais en gardant ses mots.
- On récrit les questions. Pour le lecteur, l'entrée dans l'interview se fait par les questions. Elles doivent donc interpeller, accrocher. Il y a plus de liberté dans la ré-écriture des questions que dans la transcription des réponses. (On évite pourtant d'inventer complètement des questions pour se donner le beau rôle)
N.B. Sauf cas exceptionnel, on ne doit pas accepter que l'intervewé puisse relire l'interview et risque de se rétracter ou de s'opposer à la publication.
Post-production
En audiovisuel l'interview n'est pas nécessairement en direct. Lorsqu'elle est en différé, les blocages, tunnels ou langue de bois n'ont pas beaucoup d'importance, on a tout le temps de les contourner. C'est donc au montage que l'interview se construit.
- On ne doit pas ré-enregistrer les questions, mais on peut les supprimer ou les remplacer par des titres.
On sélectionne les passages qui contiennent les informations les plus intéressantes. Le montage doit garder la cohérence du propos et ne pas trahir l'interlocuteur.